La route commence ...

Tant d'images en tête... immenses plaines arides, montagnes lointaines, ruban de la route qui se déroule comme une interminable chaussée romaine. Habitat clairsemé, végétation rare et surprenante, Arizona, Utah, Nevada nous ont épatés au delà de nos attentes.

Comment ne pas être impressionné pas le Grand Canyon ? Telle une déchirure qui s'étend sur plus de 400 km, il abrite le Colorado que l'on aperçoit parfois de loin. Temps et tourment géologiques que l'homme a du mal à appréhender. Humilité garantie...

La Monument Valley en territoire Navajo, à la couleur typique qui fait penser à la terre de Sienne brûlée mais que je voudrais nommer couleur Navajo, chaude et enrichie par le soleil couchant.  

Je n'avais jamais entendu parler de l'Antelope Canyon, tellement  discret. Il faut se glisser dans les entrailles de la terre pour se retrouver comme enveloppé par les volutes d'un tissu.  Emerveillement.  

Les "hoodoos" du Bryce Canyon nous feront la surprise de se revêtir de neige pour nous accueillir. Bonjour l'hiver après les températures estivales de la plaine ! Nous ne sommes pas équipés pour randonner. Notre admiration se fait aussi intense que brève car nous sommes transis !  

Zion, nommée par les Mormons, viendra en point d'orgue avec sa "Court of the Patriarchs": Abraham, Isaac et Jacob veillent avec majesté sur les visiteurs.

Mais un tel voyage ne se laisse pas capturer par quelques photos. Ma frustration est grande. Il y a les rencontres, les imprévus, les découvertes, la faune, l'aventure...  

La route se poursuit.  Elle est longue.

On repart bientôt ?

Anne

Soulagement au réveil : la fée électricité est toujours présente dans notre foyer. Plus au nord et sur Long Island, 400.000 personnes ont eu moins de chance, Nemo a frappé plus fort qu'ici et beaucoup attendent encore le rétablissement du réseau électrique. Un premier tour dans le quartier s'impose pour faire le point de la situation :  whiteout. Un bon pied de neige a recouvert maisons, jardins et rues.
Alors que le chasse-neige vient de passer, les plus courageux commencent à déblayer la neige de leur driveway.  Pas le choix. Pelles et "tondeuses/souffleuses" à neige sont au travail. 

Une ballade dans les environs sous le ciel devenu entretemps bleu "ciel" nous séduit en début d'après-midi. Je vous rassure tout de suite, la maison ci-dessous n'est pas chez nous mais ça valait bien une photo, non ?

Les Marshlands, déjà évoqués sur le blog, revêtus de leur blanc manteau sont resplendissants.

Les photos parlent d'elles-mêmes, je ne résiste pas à en poster quelques-unes.

On se croirait ailleurs.

On est vraiment ailleurs !

Anne

"C'est tout près d'ici" nous dit Tim, notre aubergiste. Entouré de deux grands chiens, Tim  tient un bed and breakfast et est aux petits soins pour ses hôtes. Ses recommandations pour le dîner de la veille nous ont été précieuses.  Aujourd'hui nous parlons de marche et de nature. Tim nous indique comment aborder le massif des Shawagunk (a.k.a. The Gunks) qui borde la vallée de l'Hudson. Cette chaîne de moyennes montagnes, longue de 76 km, large de 2 à 12 km et culminant à 698 m, est la fin septentrionale d'une longue crête du massif des Appalaches. 

Quarante-cinq minutes plus tard la ballade commence sous un ciel anthracite. Le vent glacial nous oblige à nous emmitouffler. Le sentier partiellement gelé rend nos pas incertains.  Nous la ferons courte, c'est sûr !

Nous suivons les marques de sentier rouges puis les jaunes. A chaque croisement une pancarte nous renseigne sur notre position. Nous guettons sur notre droite un embranchement qui n'arrive pas. Qu'à cela ne tienne, nous marchons d'un bon pas pour nous réchauffer. 

Et nous marchons, nous marchons. Notre chemin se transforme, les couleurs qui nous entourent aussi. Le paysage s'ouvre, nous sommes maintenant sur une ligne de crête. Plus un nuage à voir ! Et plus une marque de sentier non plus ! Il est clair que nous avons manqué une bifurcation. Un raccourci à travers la forêt et l'escalade d'un mur naturel nous ramènent sur un trail qui devrait rejoindre le parking du lac.

Alors, nous croisons deux randonneurs hyper-équipés qui nous confirment que si nous souhaitons retrouver notre voiture, nous devons faire demi-tour et marcher "all the way, all the way, all the way back!".  C'est ainsi que notre petit tour de lac s'est transformé en randonnée de presque quatre heures. On a eu du paysage plein la vue, de l'air plein les poumons, et des pas plein les jambes. Il ne nous reste plus qu'à trouver de quoi nous restaurer car comme des béotiens nous n'avions dans nos poches qu'un peu d'eau et trois nano-plaques de chocolat qui ont fait long feu.

Le mot de la fin n'a rien à voir avec cette histoire mais au cas où nous ne le savions pas, nous voilà prévenus !

Anne

Samedi et dimanche dernier, j’ai cuisiné tout le contenu du frigo et du congélateur, nous avons vidé le rez-de-chaussée de la maison, préparé notre balluchon, chargé la voiture et, lundi matin, nous avons quitté les lieux, peu rassurés par les prévisions de plus en plus dramatiques et par l’ordre d’évacuation obligatoire qui avait été confirmé par la commune.  Un commentaire à la radio nous envoie dans un grand éclat de rire : “The last time we had such a storm was ... NEVER !”

Une famille compatriote nous héberge. Merci Myriam ! Sa maison est à 10 minutes dans les terres et abritée dans un creux. Pas d’arbres à proximité, nous nous sentons tout de suite en sécurité.  Le soir, une grande tablée aux chandelles nous ferait presque oublier pourquoi nous sommes là. La panne d’électricité annoncée s’est installée pour de bon et il ne reste plus qu’à aller dormir avec les poules. 

Au matin nous sommes curieux de découvrir les dégâts. A condition de trouver une issue pour sortir de ce quartier. Beaucoup d’arbres sont tombés, dont plusieurs sur des lignes électriques et pas question d’y toucher. Après quelques détours nous réussissons à trouver une issue et nous arrivons chez nous sans trop de difficultés.